(Téléchargez la version PDF en cliquant ici)
Ce dimanche est dédié à « Ste Marie l’Egyptienne » de la même façon que le précédent était dédié à St Jean Climaque : cela est dû d’abord au fait que sa fête (le 2 avril) est en général proche du 5ème dimanche de Carême. Mais surtout, l’Eglise d’Orient a voulu mettre en exergue des « types » de saints qui peuvent être des modèles pour nous pendant le Carême.
Nous avons peu d’éléments historiques solides sur Ste Marie l’Egyptienne, mais il existe une vita[1]Une vita est le récit de la vie d’un saint, dont le but est, non pas d’en écrire une biographie au sens historique du terme, mais d’en faire le panégyrique. L’objectif est d’ « édifier » les fidèles, de les encourager à suivre le même chemin, en montrant comment la personne est parvenue à la sainteté et quels en sont les fruits, c’est-à-dire les charismes célestes et les actes thaumaturgiques (les « miracles »). Elle constitue une forme littéraire particulière. ...continue attribuée à St Sophrone de Jérusalem (7ème s.) qui, selon les historiens aurait été écrite 150 ans plus tôt[2]Selon Olivier Clément (le chant des larmes, p. 117), il s’agirait « d’une amplification didactique, et partiellement légendaire, de l’histoire de Marie de Palestine, que nous connaissons par la vie de Ste Théoctiste de Lesbos… »[et d’autres sources]. Cette Marie palestinienne était très pieuse, mais sa beauté fascinait les hommes : elle s’enfuit alors au désert, où elle vécut 18 ans, dans une grotte. St Sophrone aurait « brodé » à partir de cette réalité, pour ...continue, et qui est extrêmement célèbre. Ste Marie aurait vécu à la fin du 4ème s. et serait née au Ciel vers 422. Elle était égyptienne et était devenue prostituée en Alexandrie. Mue par une motion intérieure, elle prit un bateau qui se rendait en pèlerinage en Terre Sainte pour l’Exaltation de la Croix. Parvenue à Jérusalem, elle ne put pas entrer dans le St Sépulcre, car une force l’en empêchait : Dieu lui révéla son péché, elle fut remplie de larmes et se tourna vers la Mère de Dieu, qui lui permit d’entrer dans l’église. Alors elle se convertit totalement. L’Esprit-Saint la conduisit au désert, au-delà du Jourdain, où elle passa 47 ans dans la solitude, avec seulement 2 pains et demi. Lorsqu’elle n’eût plus rien, elle se nourrit de racines et d’herbes ; lorsque ses vêtements furent usés, elle vécut nue (sur les icônes, on la représente couverte de son abondante chevelure). Nous connaissons sa vie grâce à un ascète de Palestine, St Zosime (fêté le 4 avril), qui, voulant passer tout le Carême dans le désert selon la coutume palestinienne, la rencontra et à qui elle raconta sa vie. Elle lui demanda de revenir l’année suivante, le Jeudi Saint, avec la communion. L’ascète revint et l’attendit au bord du Jourdain : il la vit arriver et elle marcha sur l’eau pour traverser le Jourdain. Il lui donna la communion. Elle lui demanda de revenir encore une année après : il revint et la trouva morte, avec une inscription indiquant son nom et précisant qu’elle était née au Ciel un an auparavant le Vendredi Saint, le lendemain du jour où elle avait communié.
L’Eglise a vu en Marie l’Egyptienne un modèle de pénitence et elle a voulu placer ce modèle devant nos yeux en cette fin du Carême, car Marie a passé 47 ans dans le désert à se repentir de ses péchés. Et Dieu lui a accordé d’atteindre la perfection, la sainteté.
Lorsqu’on commence le Carême, et qu’on chante le grand canon pénitentiel de St André de Crête, à la fin de chaque ode, il y a deux tropaires pour glorifier Ste Marie l’Egyptienne (puis deux autres pour glorifier St André).
Noël TANAZACQ
(4 avril 2014)
References
1. | ↑ | Une vita est le récit de la vie d’un saint, dont le but est, non pas d’en écrire une biographie au sens historique du terme, mais d’en faire le panégyrique. L’objectif est d’ « édifier » les fidèles, de les encourager à suivre le même chemin, en montrant comment la personne est parvenue à la sainteté et quels en sont les fruits, c’est-à-dire les charismes célestes et les actes thaumaturgiques (les « miracles »). Elle constitue une forme littéraire particulière. Les deux modèles les plus célèbres sont la « Vie de St Antoine d’Egypte » en Orient et la « Vie de St Martin » en Occident, toutes les deux du 4ème s. |
2. | ↑ | Selon Olivier Clément (le chant des larmes, p. 117), il s’agirait « d’une amplification didactique, et partiellement légendaire, de l’histoire de Marie de Palestine, que nous connaissons par la vie de Ste Théoctiste de Lesbos… »[et d’autres sources]. Cette Marie palestinienne était très pieuse, mais sa beauté fascinait les hommes : elle s’enfuit alors au désert, où elle vécut 18 ans, dans une grotte. St Sophrone aurait « brodé » à partir de cette réalité, pour donner un exemple édifiant aux chrétiens. |