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St Jean Climaque[1] (vers 579 ? – après 649) fut moine pendant probablement 70 ans au Mont Sinaï aux 6èmeet 7ème s. : entré au célèbre monastère Ste Catherine à 16 ans, il fut successivement moine, anachorète, puis higoumène (abbé). Il a écrit un livre très célèbre, « l’Echelle sainte », qui est probablement le livre le plus remarquable de l’Eglise universelle concernant le discernement des esprits et où il transmet aux moines des conseils spirituels pour leur permettre de monter les 30 degrés de l’échelle[2] spirituelle, qui peut les élever graduellement jusqu’à la perfection, c’est-à-dire à la contemplation de la Lumière incréée [dont il avait lui-même l’expérience] et d’entrer dans le Royaume de Dieu. Il était un homme d’une grande expérience spirituelle (on dit qu’il fut anachorète pendant 40 ans) : il y a dans son traité des remarques et des conseils qu’on ne trouve nulle part ailleurs, notamment sur la garde des pensées et sur le discernement entre nos pensées et celles suggérées par les démons, qui nous font croire qu’elles sont nos propres pensées, ce qui nous conduit au désespoir (il y a une analogie entre son enseignement et celui de St Silouane de l’Athos, 12 siècles plus tard). C’est un chef-d’œuvre spirituel. St Jean Climaque m’a beaucoup aidé dans ma vie ; ses conseils me furent précieux dans la plus grande épreuve spirituelle que je connus.
St Jean Climaque connut certainement St Sophrone de Jérusalem (qui vint au Mt Sinaï avec son ami Jean Moschus et qui écrivit l’admirable office de bénédiction des eaux de la Théophanie : il fut le dernier patriarche orthodoxe libre de Jérusalem ; + en 639) et fut en relation avec St Grégoire le Grand, pape de Rome (entre 590 et 604), qui lui fit parvenir des couvertures (il faisait froid en hiver au Mt Sinaï) et de l’argent, pour aider les moines. C’était à l’heureuse époque de l’Eglise indivise, catholique-orthodoxe, où l’Occident et l’Orient pouvaient se vérifier et s’enrichir mutuellement. Il ne faut pas oublier que le Mont Sinaï, comme l’Egypte et la Palestine, faisaient partie de l’Empire byzantin, jusqu’à leur conquête par les Arabes musulmans (638 : prise de Jérusalem ; 642 : prise d’Alexandrie).
L’Eglise orthodoxe a profité de cette occurrence de calendrier (sa fête universelle est le 30 mars) pour mettre St Jean Climaque en exergue et le présenter comme un modèle d’ascèse pendant le Carême. En effet, comme l’enseigne St Paul, notre combat n’est pas contre la chair, mais contre les esprits sous-Ciel : c’est un combat spirituel, et non matériel ou psychologique.
Père Noël TANAZACQ
(19 mars 2015 ; corr.et augm. 8-4-2016 et 15-3-2018))
[1] L’évêque Jean fit une magnifique icône de lui, en pied (fresque sur toile), où il se trouve entre Ste Radegonde et St Germain de Paris, pour la chapelle des Incorporels au Vésinet (78)
[2] Echelle, en grec : klimax, d’où son nom de « climaque », tellement son livre était célèbre.