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Note biblique, historique et liturgique
Noël est une déformation française du terme latin « Natalis1 » qui signifie naissance [du Christ] et aussi jour anniversaire de la naissance. Le terme liturgique officiel est « Nativité2 » [du Christ]. En Occident, cette fête concerne exclusivement la naissance du Christ selon la chair et la révélation de cette nouvelle aux Bergers de Bethléem, qui est la première des théophanies3. En Orient, cette fête est celle de la naissance du Christ, de sa révélation aux Bergers de Bethléem, puis aux trois Mages venus d’Orient, qui constituent les deux premières théophanies.
L’origine de cette fête liturgique est extrêmement complexe, et cela est lié à l’évènement historique lui-même. En effet, la naissance du Christ selon la chair s’est faite de façon très discrète, avec pour seuls témoins Marie (qui en est aussi et surtout le personnage principal, avec l’enfant divin qu’elle porte dans son sein depuis 9 mois) et Joseph ; puis, dans la nuit même, les Bergers de Bethléem, prévenus miraculeusement par les anges, et qui, selon la tradition, étaient au nombre de 12 (de tous âges) ; et enfin les 3 Mages, avertis pas une étoile miraculeuse et qui viendront longtemps après, parce qu’ils ont eu un long chemin à parcourir pendant des mois. En dehors de Marie et Joseph, qui sont les « acteurs » de l’évènement, cela fait en tout 15 personnes (sur une population de la Palestine estimée à 1.500.000 habitants)4. L’Evangile selon St Luc nous fait un récit précis de Noël, dans un lieu précis (aux alentours de Bethléem), à un moment précis de la journée (la nuit) mais sans date (donc sans mention du mois). C’est seulement l’arrivée des Mages à Jérusalem -qui va « troubler toute la ville» (Mt 2/3) et inquiéter Hérode- qui constitue un élément de datation, car ce dernier, inspiré par Satan, va faire massacrer préventivement (pour éliminer un éventuel concurrent, fut-il un bébé), tous les nourrissons et bébés de Bethléem de moins de 2 ans (le massacre des Saints Innocents- Mt 2/16).
Mais, ensuite, il n’y a plus rien : l’évènement est oublié, sauf par les 15 témoins. Le reste d’Israël et de l’humanité n’a rien vu, ni rien su. Joseph, Marie et Jésus vont rentrer à Nazareth (après leur exil en Egypte, qui durera plusieurs années) et on n’entendra plus parler de Jésus pendant 30 ans, jusqu’à Son baptême par Jean, qui va Le révéler à tout Israël comme Messie (Christ). Le Fils de Dieu est venu chez les Siens dans la discrétion, pour ne pas S’imposer : Il voulait être accueilli et aimé pour Lui-même, pour la révélation des pensées de son Père céleste, et non pas pour Sa puissance ou Ses charismes. Il n’est donc pas surprenant qu’il n’y ait pas eu de fête de cet évènement capital pendant trois siècles, d’autant plus que les Chrétiens étaient persécutés. Par contre la fête de Pâques est universelle. Le Christ était connu de tout Israël, des foules nombreuses ont vu Son martyre (arrestation, chemin de Croix, crucifixion et mort) et, si Sa résurrection a eu lieu dans un mystère absolu, en fin de nuit à l’aurore du dimanche de Pâques, Il est apparu ressuscité à des centaines de gens. Contrairement à Sa nativité, Sa Résurrection est un évènement public, connu de tous et qui deviendra immédiatement le centre du culte chrétien (par la sainte Cène : la liturgie eucharistique).
Jusqu’à la fin des persécutions, Pâques a été le centre de la vie liturgique de tous les chrétiens (qui était cachée, secrète). Après la « Paix de l’Eglise » (en Occident : 313, en Orient : 324) les Eglise locales vont pouvoir organiser et structurer leur culte et établir un cycle des fêtes. Le centre demeurera Pâques, mais, petit à petit, on fêtera les autres évènements de la vie du Christ, dont le principal est évidemment Son incarnation, Sa Naissance terrestre, sans laquelle il n’y aurait rien eu de possible. Et on a tâtonné longtemps, chaque Eglise portant un regard différent sur toutes les manifestations du Seigneur (les théophanies) avant Son apostolat public. S’il fallait simplement résumer les contenus des différentes fêtes, les usages et les dates retenues dans l’année liturgique, dans les différents lieux géographiques et à travers les siècles -entre le 4e et le 7e s.-, il faudrait en écrire plus de dix pages. Je vais donc me contenter d’une brève synthèse.
L’Orient et l’Occident ont des richesses différentes : l’Orient est intemporel, synthétique, contemplatif, et donc centré sur la Divine Trinité ; l’Occident est historique, analytique, actif, et donc centré sur l’Incarnation du Verbe5. Cette différence d’approche du mystère divin tient à l’Etre divin lui-même, qui est inconnaissable dans Son essence, mais créateur et participable dans Ses énergies6. Ainsi, ce sont deux reflets antinomiques de Dieu en l’Homme, qui est l’image de Dieu7. Et ces approches différentes, qu’il ne faut pas absolutiser, ces deux richesses théologiques, sont complémentaires et nous rappellent que nous avons besoin les uns des autres. Chacune produira des fruits, dans l’Eglise et dans le monde. Cela s’est traduit aussi dans les formes liturgiques et le style de ces deux parties de l’Eglise, qui représentent deux aspects de l’Homme (intériorisé et créatif), pendant le temps de l’Eglise indivise, le premier millénaire, qui est « catholique-orthodoxe », catholique parce qu’orthodoxe, car seule la Vérité est universelle.
La fête de Noël du 25 décembre est apparue au 4eme siècle, en Occident, et probablement à Rome (sous le pape Jules Ier), où elle est attestée par le calendrier « philocalien » de 3368. Rome la transmettra à l’Orient : elle sera introduite à Constantinople en 380 (St Grégoire de Nazianze, patriarche), à Antioche vers 375 (St Jean Chrysostome, alors prêtre prédicateur), en Egypte vers 430… Les Eglises d’Occident l’adoptèrent aussi, bien que les Eglises de rite gallican eussent une préférence pour la date du 6 janvier, comme l’Orient (voir ci-dessous). Mais, avant d’adopter la date du 25 décembre, l’Orient fêtait les théophanies le 6 janvier (voir ci-dessous et note 12) : à Jérusalem on fêtait la Nativité, avec l’adoration des Bergers et des Mages, en Alexandrie , où elle était la fête la plus importante, appelée « fête des lumières », on y ajoutait le Baptême du Christ, et à Chypre on y ajoutait les Noces de Cana. Progressivement, et surtout après l’introduction de la fête de Noël du 25 décembre, on privilégiera, au 6 janvier, le Baptême du Christ, qui deviendra notre « Théophanie » (manifestation de la Trinité).
Par contre, lorsque cette fête du 6 janvier sera introduite (ou réintroduite) en Occident, on y reportera l’adoration des Mages sous le nom d’ « Epiphanie » : il était en effet légitime de la distinguer de Noël, puisqu’elle a eu lieu au moins un an après la Nativité9. Et l’on reportera le Baptême du Christ à l’octave du 6 janvier (le 13 janvier), ce qui aura pour effet d’en amoindrir progressivement l’importance et d’occulter l’aspect fondamental de manifestation de la Divine Trinité (pour la première fois dans l’histoire humaine, depuis la chute d’Adam et Eve). Ensuite, l’Occident va progressivement constituer tout un cycle liturgique de Noël, qui est en fait celui des théophanies10, copié sur le cycle pascal, avec un carême de préparation (l’Avent, qui a toujours compté 40 jours en Gaule), la fête centrale (Noël), les fêtes satellites (28 décembre : les Saints Innocents, 1er janvier : la Circoncision11, 4 janvier : Jésus parmi les Docteurs, 6 janvier : l’Epiphanie [adoration des Mages], 2 février : la Présentation de Jésus au Temple11), puis un temps d’après-fête, le temps après l’Epiphanie, qui deviendra, dans l’Orthodoxie occidentale, « après la Théophanie » et qui ira jusqu’au début du cycle pascal (le pré-carême, appelé en Occident le temps de la Quadragésime ou des « gésimes »).
Pourquoi Noël le 25 décembre ?
L’Evangile ne nous dit rien sur la date (comme c’est le cas la plupart du temps ; les seules indications de dates sont par rapport aux fêtes juives) et la Nativité du Christ a été fêtée à des dates diverses. La plupart des liturgistes, à la suite d’Anton Baumstark12, estiment que le 25 décembre a été choisi délibérément, parce que cette date était celle du solstice d’hiver13, c’est-à-dire au cœur de la nuit astronomique (symbolisant la chute de l’Homme), juste avant que la course du soleil ne reprenne son ascension (symbolisant le salut par la venue du Christ, « Soleil de justice ») et donc pour des raisons théologiques. De plus, il y avait à Rome le 25 décembre, à partir de la fin du 3ème siècle une grande fête païenne14, celle du « Natalis Solis invicti » : naissance [renaissance] du Soleil invaincu, qui donnait lieu à de grandes réjouissances populaires. En plaçant Noël ce jour-là, au début du 4ème siècle, l’Eglise voulait montrer que le véritable Soleil invaincu était le Christ « Soleil de justice15 », rayonnant de la gloire incréée qu’il tenait de Son Père céleste, et donc consubstantiel à Lui, comme venait de le proclamer le 1er concile oecuménique à Nicée en 325. C’était une affirmation du Christ et de Sa divinité, à la fois contre les païens et contre les hérétiques ariens, qui la niaient16.
Cette thèse « scientifique », à laquelle j’ai adhéré longtemps, est intéressante et comporte beaucoup d’éléments historiques réels, objectifs, mais il vaudrait mieux l’attribuer au Père céleste plutôt qu’au clergé chrétien. Je m’explique. D’une part, il a toujours existé dans l’Eglise antique une tradition concernant la date du 25 décembre pour la Nativité du Christ : or, la Tradition vient d’abord du Saint-Esprit, et se transmet ensuite de génération en génération. Et, d’autre part, lorsque l’Evangile ne nous renseigne pas sur des éléments historiques, pratiques, humains, nous avons d’autres sources possibles : outre la tradition, dont je viens de parler, représentée par les Pères de l’Eglise et les hagiographes anciens, il y a les révélations que Dieu Lui-même a faites à ceux qu’Il a choisi (saints et mystiques), qui existent depuis 2000 ans, tant en Orient qu’en Occident et relèvent du prophétisme, même si elles ne sont pas à mettre sur le même plan que l’Evangile, qui demeure le socle, la référence théologique absolue et intangible.
Or, le Christ Lui-même a confirmé la date du 25 décembre et son occurrence avec la fête juive de Hanouka,
dans les révélations qu’Il a faite à plusieurs visionnaires17. Si Dieu le Père a choisi ce moment de l’année et cette date, pour la naissance de Son fils en tant qu’homme, c’est précisément en raison de son caractère symbolique : on est au cœur de la nuit, qui représente le péché, au début de l’hiver qui représente le froid de la dureté de cœur (l’inverse de la chaleur de l’amour) et le Christ était annoncé par les Prophètes comme « Orient18 » [soleil levant] et « Soleil de justice15 ». C’est Lui qui est le véritable « Soleil invaincu » et la « Lumière du monde » (Jn 8/12) : Son incarnation va Lui permettre de porter le fardeau de notre péché, de le clouer sur la croix et de nous délivrer de la mort éternelle, en ressuscitant de la mort. Et la fête juive de Hanouka, qui commence le 25 kislev (correspondant à notre 25 décembre) et qui célèbre la seconde dédicace du Temple, au 2ème siècle av. J-C, après les profanations « abominables » des souverains grecs païens (les Séleucides) en était l’annonce prophétique. Mais cette « restauration » faite par le Christ est éternelle : par Sa venue dans le monde, Il a restauré et sanctifié, non pas le Temple de Jérusalem, mais les deux autres temples : le coeur de l’Homme, « grotte » biologique destinée à accueillir Dieu Lui-même, et le cosmos, qui Lui a fourni un abri pour Sa naissance, tandis que le Temple historique, le temple de pierre de Jérusalem, qui ne l’a pas accueilli comme Messie, était voué à la destruction19.
Nous pourrions dire, avec un peu d’humour, que l’intelligence humaine, ici, tend à rejoindre l’Intelligence divine, la Sagesse incréé, mais il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Abordons maintenant l’aspect proprement liturgique.
Tous les rites de Noël, en Orient comme en Occident, ont été copiés sur ceux de Pâques20. Il y a donc une similitude avec les rites respectifs orientaux et occidentaux de Pâques.
Notre paroisse était, à l’origine, de rite occidental. Et, depuis 1995, nous sommes contraints de célébrer, la plupart du temps, en rite byzantin21. Heureusement, notre Métropolite est un archevêque compréhensif et «économe » : il nous a permis de faire quelques aménagements aux Vigiles byzantines :
– la proclamation du cantique d’Isaïe (la prophétie de l’Emmanuel) au début des Complies, dans son intégralité et de façon solennelle, alors que dans le rite byzantin elle fait partie de l’ordinaire des Complies, est incomplète et passe inaperçue.
– Pendant les Matines :
. le remplacement de l’Hexapsalme ordinaire par le Ps.2 (qui est le psaume de Noël),
. le chant de « Aujourd’hui le Roi des Cieux » au lieu du Polyéléos de l’ordinaire,
. de prendre l’Evangile des Vêpres (le seul récit de la Nativité, par St Luc) à la place de celui des
Matines22.
– Pendant la liturgie : de souder l’Evangile des Matines à celui de la liturgie (récit de la Nativité par St
Matthieu, qui est en fait celui du Doute de Joseph, puis de l’adoration des Mages).
Nous pouvons ainsi respecter le style et l’ordo du rite byzantin, mais en introduisant quelques éléments chers au cœur des Occidentaux. Cela est conforme au destin de notre paroisse, qui est de réunir autour de l’autel-trône de Dieu, les « deux peuples », l’Orient et l’Occident.
Christ est né ! Hristos s-a nascut !
Père Noël TANAZACQ
(20 décembre 2016; entièrement rev. et corr. le 16-12-2017, et le 18-12-2018)
1- Vient du latin natus, participe passé de nascor, naître.
2- Vient du latin nativitas, qui signifie naissance et génération. Les noms de cette fête sont très différents selon les langues et les peuples. En roumain : Craciun ; en grec : Gennesis Christou [naissance du Christ] ; chez les Slaves : Rojdestvo Chistovo, et aussi Kolia [du latin : Calendae (le 25 déc. était le 8ème jour avant les calendes de janvier)].
3- Théophanie : manifestation (ou révélation) de Dieu. Terme plus précis que « épiphanie », qui signifie simplement « manifestation » [céleste, ou d’un grand personnage], révélation, avènement…
4- La population de la Palestine à l’époque du Christ est estimée de 1 à 3 millions d’habitants (j’ai pris une fourchette intermédiaire). Celle du monde est estimée, à cette époque, à 250.000 000 d’habitants (calculs des démographes de l’INED).
5- Ce sont les fondements de la religion chrétienne : La Divine Trinité et les deux natures du Christ. C’est pour cette raison que les évêques bénissent le peuple royal des deux mains, avec le chandelier à 3 branches (trikyrion) et celui à deux branches (dikyrion).
6- Conformément à la doctrine de St Grégoire Palamas, définie et proclamée au 14ème s.
7- Dieu Lui-même est l’Antinomie ontologique absolue et éternelle. Mais ce n’est ni le lieu, ni le temps de développer cet aspect théologique fondamental.
8- repris dans le Chronographe [calendrier] de 354, qui est beaucoup plus connu et célèbre.
9- Hérode fera tuer tous les enfants de 2 ans et moins (Mt 2/16).
10- Alors que l’Orient ne connaîtra que le cycle pascal : Noël et la Théophanie seront toujours des fêtes fixes, isolées, et placées dans les livres liturgiques avec le sanctoral (dans les Ménées).
11- Les dates de ces fêtes sont conformes à la Loi de Moïse : 8 jours après la naissance pour la Circoncision, 40 jours après pour la Présentation auTemple.
12- Anton Baumstark, universitaire allemand catholique-romain, est l’un des plus célèbres liturgistes du 20e s., et le père de la « liturgie comparée », titre de son ouvrage le plus connu, publié en 1939. Il sera très lié, à la fin de sa vie, avec le monastère de l’Unité de Chèvetogne (monastère catholique-romain de rite byzantin [non uniate]).
13- dans le calendrier julien, réformé par Jules César en 46 av. J-C (c’est lui qui institua une année de 365 jours). C’était la même configuration en Egypte avec le 6 janvier, qui était la date du solstice d’hiver dans l’ancien calendrier égyptien, datant de 2000 ans av. J-C.
14- Plus précisément, il s’agissait des Saturnalia, fêtes du solstice d’hiver en l’honneur de Saturne (dieu des grains enfouis dans le sol) pour aider le soleil à remonter au ciel, et qui se déroulaient du 17 au 24 décembre, dont j’ai longuement parlé dans ma note sur les Noms divins. Et, à partir de 274, sous l’empereur Aurélien, elles seront prolongées jusqu’au 25 décembre par la fête du Dies natalis solis invicti.
15- Nom prophétisé par Malachie (fin 6e-début 5e s. av J-C), en 4/2.
16- Ceci est confirmé par le fait que l’empereur Constantin, qui régnait depuis 312 et qui était favorable aux Chrétiens, était encore païen à cette époque et un adorateur du « Soleil invaincu » : il va passer progressivement à l’adoration du Soleil de justice, le Christ (mais ne sera baptisé qu’à la fin de sa vie, et par un évêque arien !)
17- L’une de ces visionnaires dit que le Christ a emmené un jour Ses apôtres en pèlerinage à la grotte de Sa nativité, près de Bethléem -ce qui n’a rien d’étonnant, parce qu’il fallait bien qu’ils en rendissent compte à toute l’humanité- et que, là, Il aurait dit expressément à Pierre : « Je suis l’Encénie [équivalent grec de Hanouka, qui signifie dédicace du temple] éternelle ; sais-tu que je suis né le 25 kislev ?» [= 25 décembre, fête de Hanouka]. Tout cela correspond à la Tradition, et aux déductions des savants liturgistes…
18- Le nom d’ « Orient » fut prophétisé par Zacharie (fin 6e s. av J-C ) en 3/8-9.
19- Le Temple de Jérusalem, construit par Salomon, puis reconstruit par Hérode, sera détruit en 70 apr. J-C, conformément à la prophétie du Christ (Mt 24/1-3, Mc 13/1-4Lc 21/5-6), parce qu’il n’a pas reçu Jésus comme Messie, pour Qui il avait été construit, et qu’il est donc devenu inutile : les églises chrétiennes le remplaceront, parce qu’elles sont d’abord des « grottes » spirituelles qui accueillent l’Enfant-Dieu et chantent Sa gloire.
20- D’ailleurs, toutes les grandes fête sont été copiées sur Pâques (outre Noël : la Théophanie, l’Ascension, la Pentecôte), avec des avantages (le caractère solennel et festif) et des inconvénients (parfois du formalisme, parce que le contenu des fêtes n’est pas le même).
21- Sans que notre Patriarcat roumain y soit pour quelque chose. C’est le lobby de l’Institut Saint-Serge qui a fait pression sur le Comité Inter-épiscopal Orthodoxe, en l’absence de notre Métropolite de l’époque (Mgr Séraphin), ce qui était une erreur ecclésiologique, contraire à la Tradition de l’Eglise indivise, et une faute morale.
22- Le rite byzantin est entièrement monastique, depuis les réformes du Patriarche Philothée au 14ème s. Comme Noël est une très grande fête, les heures de la veille [Paramonie] (24 décembre) sont solennelles (« royales ») et les textes et lectures sont répartis sur toutes les heures royales. Ainsi le seul vrai récit de la naissance du Christ, celui de St Luc, se trouve aux Vêpres royales. Mais celles-ci ne sont célébrées que dans les monastères, les cathédrales et les grandes paroisses : la majorité du peuple ne l’entend donc jamais (aux Matines et à la liturgie, on lit St Matthieu, c’est à dire le Doute de Joseph et l’adoration Mages). Et, comme les Vêpres sont censées avoir été célébrées, les vigiles sont constituées de Complies unies aux Matines ; mais ces pseudo-complies ressemblent fortement à des Vêpres avec, notamment, une litie (procession au baptistère).